Nimbostratus

13/01/2021

            -J'hésite encore, tu vois, Benson... Il est vraiment haut, plus de trois kilomètres, facile et pourtant, il doit faire dans les cinq kilomètres de diamètre...

L'homme hocha la tête, gardant le pied au plancher.

-Ouais, c'est pour ça que je miserais tout notre bas de laine sur un nimbostratus. Pas d'erreur possible.

Abigail fronça les sourcils, détaillant l'énorme masse nuageuse à travers le pare-brise de leur jeep Cherokee. Depuis une demie-heure qu'il roulait sur la piste rocailleuse, depuis leur demeure située dans la ville de Caliente, au sud-est du Nevada. La modeste bourgade portait bien son nom parce que le mercure n'y descendait pratiquement jamais et le soleil y dardait ses rayons toute l'année. Aussitôt qu'ils avaient pris connaissance des dernières nouvelles, toutes plus inquiétantes les unes que les autres, ils avaient préparé leur véhicule avec leur équipement habituel et mis les voiles.

-Je comprends absolument rien, finit par soupirer la femme en se repoussant sur son siège. C'est ce truc qui est passé au-dessus de Vegas alors ?

Benson acquiesça, les yeux brillant d'excitation.

-Affirmatif, chérie. Il a fait son tour sur la ville... et l'instant d'après, y'avait plus un rat dans le bled. Nettoyée les rues, complètement lessivée. Ah, je peux te dire que c'est carrément le bordel sur les stations nationales.

Abigail lui jeta un regard oblique.

-Et toi bien sûr, ton premier réflexe c'est de courir ventre à terre pour te rendre compte de la situation...

Benson détacha son regard de la route quelques instants.

-Hé, on est des chasseurs de tempête oui ou non ? Si ça se trouve, ce nuage-là va nous faire passer aux nouvelles. Pas question que je manque cette occasion pour rien au monde !

-Mais ce qui est arrivé aux mecs de Vegas... argumenta Abigail en croisant ses bras sur sa maigre poitrine. Imagine que c'est bourré de radioactivité.

Benson négocia une courbe, tenant le volant comme un chef. Ce n'était pas son premier rodéo : tornades, ouragan, inondations, feux de forêts... Sa femme et lui avaient roulé leur bosse aux quatre coins du pays pour suivre et analyser les cataclysmes divers qui s'étaient abattus sur les États-Unis, depuis plus de dix ans déjà. C'était clairement une vie étrange, bourrée d'adrénaline et d'imprévu. Plus d'une fois, ils avaient risqué d'y rester, mais la chance avait toujours été de leur côté.

-T'inquiète, rassura-t-il avec un sourire en coin. Je compte pas aller lui faire un câlin. Je vais laisser l'honneur à Alvin, ce sera plus sûr.

Abigail opina du chef, repensant au drône chéri de son homme. Il avait dépensé une fortune pour cette machine, qu'il avait ensuite transformé à sa sauce. En plus de pouvoir capter et retransmettre des images directement sur un moniteur, il arrivait à calculer la vitesse du vent, la température ambiante et la pression atmosphérique. Rien que pour ce petit joujou technologique, ils allaient quasiment devoir se nourrir exclusivement de rations pendant quelques semaines. Presque...

-On va bientôt arriver, signala Benson en ralentissant imperceptiblement. Ce nimbostratus s'est perché directement au-dessus de la crête d'Ella Moutain, tu as vu ?

Abigail plissa les yeux.

-C'est la piste qui mène aux installations tout au sommet ça ?

Benson consulta le gps du véhicule.

-Ouais... à partir d'ici, ça monte la piste jusqu'en haut...

-Arrête-toi ici, dans ce cas, demanda la femme, posant la main sur la cuisse de son mari. On est assez prêts de ce truc pour commencer à faire des photos et des analyses.

L'homme transféra son pied de pédale et freina tranquillement sa course, se rangeant sur le bas-côté où il écrasa quelques buissons rachitiques. Il se tourna vers elle, un pli barrant son front.

-Y'a pas de souci à se faire, Abi.

-Ce nuage est passé par Vegas et tout le monde là-bas a disparu, lança-t-elle d'une voix sèche en ouvrant sa portière. Ne me dis pas de ne pas être nerveuse.

Benson soupira avant d'imiter sa compagne. Ils sortirent dans la fournaise du Nevada, éblouis par le chaud soleil de juillet. Le ciel était complètement vide du moindre nuage et seul le nimbostratus sombre s'imposait en hauteur, perché sur la montagne. L'homme contourna le capot, n'arrivant pas à détacher les yeux du phénomène devant eux.

Foncé à la base, aussi large que le quart de la longueur de la fichue île de Manhattan, le nimbostratus restait immobile, indifférent aux vents qui le cernait de toutes parts. De longues pointes brumeuses s'échappaient du sommet et de temps en temps, l'intérieur semblait s'illuminer aussi subitement que brièvement, signalant la présence d'éclairs. Ces nuages étaient couramment annonciateurs de pluie, pourtant ce dernier ne donnait pas de signe d'averse imminente.

Il couvrait toute la portion supérieur d'Ella Mountain et l'antenne installée à son faîte paraissait se tendre pour toucher à la masse mouvante.

-Sors Alvin tout de suite, murmura Abigail en s'appuyant sur la voiture. Un truc comme ça, ça attire les militaires. Ils devraient pas tarder à débouler pour se rendre compte eux-mêmes de la situation. D'ailleurs, ça me surprend que ça ne soit pas déjà le cas.

Benson se rendit à l'arrière pour lever le hayon.

-Ils sont tous à Vegas en ce moment, à chercher des traces. Mais t'as raison, notre fenêtre d'action est foutrement réduite.

-Ton langage, mon chéri, réprimanda doucement la femme, ne détournant pas son attention du spectacle étrange.

L'homme revint vers elle avec une petite mallette qu'il déposa directement au sol. Il fit sauter les verrous et exhiba le drône. Sans attendre, il sortit l'engin de son caisson, l'installa à terre et saisit la manette.

-Allez, mon vieux, à toi de jouer...

Avec un vrombissement, le Phantom 4 blanc s'éleva majestueusement dans les airs à la verticale, avant de bifurquer vers sa destination.

-Tu veux bien ramener le moniteur, chérie ? demanda-t-il.

-Bien sûr, ouais...

Sans se presser, Abigail quitta son mari et se rendit à l'arrière à son tour, récupérer le matériel nécessaire. Posant les caissons sur le capot à l'avant, elle ouvrit l'écran et bientôt, elle put bénéficier d'une vue en plongée sur la route et le désert environnant. Droit devant, il n'y avait rien d'autre que ce mur opaque de brumes sombres. Elle découvrit un second appareil qui lui indiqua toutes les informations que pouvaient leur donner Alvin.

-C'est curieux, Benson... marmonna-t-elle en fronçant les sourcils. Selon les données, ça ne ressemble pas du tout à ce qu'on connaitrait d'un nuage.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? s'enquit l'autre en s'approchant. Attend... prend les commandes d'Alvin, je vais regarder ça...

Ils échangèrent le contrôle de la manette et Benson se pencha sur le capot, parcourant les indications qui se mettaient à jour à la seconde près.

-En effet... ce truc est chaud... mais ne contient aucune humidité. Comment est-ce possible ? Il n'y aurait aucune gouttelette dans ce nuage ? C'est impossible...

Le drône continuait sur sa lancée et arriva aux abords du nimbostratus. Abigail le fit pivoter pour en faire lentement le tour, essayant de passer en-dessous pour avoir un nouvel angle.

-Comme ça, ça donne quoi ? s'enquit-elle. Tu vois quelque chose d'intéressant ?

Benson se passa une main calleuse sur son crâne dégarni, impatient. Les données n'entraient pas aussi rapidement que l'image retransmise et il n'arrivait pas à se prononcer. Il n'était pas expert en météorologie, même s'il se défendait rudement bien sur le sujet, mais il sentait que quelque chose clochait.

-Benson ? répéta Abigail en continuant de faire approcher l'engin de son objectif. Tu me dis si ça t'intéresse ce que je te dis, pas vrai ?

Ils entendirent soudainement un long bruit de basse, qui vibra sous leurs pieds et manqua de peu les faire tomber. Les commandes d'Alvin échappèrent aux doigts d'Abigail et chuta quelques pieds devant elle.

-C'était quoi ça, un tremblement de terre ? siffla la femme, en se mettant à genoux.

Benson échangea un regard intrigué avec elle, secouant les épaules pour indiquer qu'il n'en savait pas plus. Heureusement pour eux, les caissons étaient restés en place, n'ayant qu'à peine bougé sur le capot. Reprenant sa lecture, l'homme finit par jurer en écarquillant les yeux.

-Putain de bordel de sainte mère de Dieu... s'écria-t-il.

-Benson ! Encore heureux que les gamins soient chez ma sœur ! s'énerva la femme en le fusillant du regard. Vas-tu me dire ce que tu as vu qui justifie une telle réaction ?

Benson porta la main à l'écran et le tourna vers sa femme.

-Ce truc là-haut... c'est pas un nuage...

Abigail tiqua.

-Attends... qu'est-ce que tu dis, là ?

-Abi... c'est organique ce machin... Quoi que ce soit, j'en sais foutre rien, mais c'est vivant...

Une deuxième vibration, accompagnée d'une secousses sismique les désarçonna, mais comme ils étaient déjà au sol, ils réussirent à se retenir.

-Et ça, c'est lié avec ce nuage... ce phénomène ?

-Comment tu veux que je le sache ?! rétorqua l'autre en se tournant vers le sommet de la montagne. Regarde !

Lentement, le nimbostratus - ou du moins ce qui y ressemblait - commençait à se mouvoir, glissant sans bruit dans leur direction. Abigail s'étira pour reprendre le boîtier de commandes et recula en se poussant des talons sur la terre vers le jeep.

-Benson, ça s'en vient par ici. Tu crois qu'il nous a vu ? Ou détecté ? Je veux dire... si c'est ça qui a fait disparaître la population de toute une ville, je tiens pas vraiment à être sur sa liste, tu vois...

Les contours sombres et menaçants de la masse cotonneuse les survolaient déjà, à plus de deux kilomètres d'altitude. De petits points noirs commencèrent à apparaître sous la surface, en grand nombre.

-On dirait qu'il va pleuvoir... commenta laconiquement Benson, la tête renversée vers l'arrière pour observer.

-C'est pas de la pluie, ça... intervint sa femme, incrédule. C'est... plus gros...

En effet, grossissant à vue d'œil, ce qui dégringolait à une vitesse folle ne ressemblaient en rien à des gouttes ou des grelons. De plus en plus de ces points noirs se détachaient du nuage étrange.

-Oh, merde ! lança l'homme en refermant les mallettes. Allez, on se tire... Où est Alvin ?

-Aucune idée... après le premier tremblement, j'ai perdu la manette... il a dû tomber sur la montagne...

Ils levèrent les yeux pour tenter de comprendre ce qui leur tombait dessus.

-Oh putain... Abi... grimpe tout de suite dans le Cherokee !

Il venait de saisir avec horreur la nature des projectiles qui filaient dans leur direction. Grossissant à vue d'œil, on pouvait maintenant discerner des bras, des jambes... Il pleuvait carrément des corps.

Sans prendre le temps de bien ranger, ils jetèrent le matériel sur le siège arrière et claquèrent les portières. Benson tourna la clé dans le contact quand le premier cadavre s'écrasa avec fracas juste à côté de l'aile droite, arrachant un cri de stupeur à Abi. Elle se cacha le visage des mains et se ramasse en boule sur son siège.

-Regarde pas, Abi, ferme les yeux ! hurla son mari en enclenchant le reculons.

Il fit gronder le moteur et joua du volant pour faire effectuer au véhicule un tour à 180 degrés. Désormais, tout autour du jeep, des hommes, des femmes et des enfants atterrissaient sans grâce et avec un bruit écœurant d'os et de cartilages éclatés. Des geysers de sang fusaient des corps fracassés, éclaboussant rageusement la route, les buissons et les flancs de la Cherokee.

-Mais roule, enfin, roule !! s'écria Abigail en secouant son mari par les épaules.

Appuyant de toutes ses forces, l'homme se sentit renfoncer dans son siège quand ils démarrèrent, rebroussant chemin par la route poussiéreuse. Jouant du volant, il zigzaguait de gauche à droite, tentant tant bien que mal d'éviter tous les pauvres hères qui dégringolaient du nuage silencieux.

-Il y en a des centaines, Benson, siffla Abigail, les traits tirés et les larmes aux yeux, le regard rivé à sa fenêtre. Peut-être des milliers...

-Il faut absolument éviter qu'ils nous frappent, sinon ils risquent de défoncer le toit de la bagnole.

Abigail lui lança un regard enfiévré.

-J'ai pas envie d'être piégée au milieu de ce charnier... fit-elle d'une voix blanche.

-Pourquoi tu crois que je m'acharne sur ce putain de volant, à ton avis ?

Totalement paniquée, la femme ne releva pas le juron. Le silence du désert avait été remplacé par les gargouillis infames des gens qui faisaient contact avec le sol avec la vitesse d'une balle de fusil.

-Ils sont tous morts, là-haut, signala la femme, le ton de plus en plus aigu. Ce sont les gens de Vegas... Ceux qu'on a pas retrouvés !

-Comment tu peux en être aussi sûr, enfin ? grogna Benson, ne quittant plus la route des yeux.

Il avait l'impression qu'ils allaient pouvoir s'en sortir. La première étape consistait à sortir de l'ombre de l'imposant nimbostratus qui larguait des bombes humaines. Ensuite, ils devraient communiquer avec l'armée le plus rapidement possible. Qui sait ce qui se trouvait réellement à l'intérieur de ce nuage ? Était-ce seulement un nuage ou une quelconque créature qui en aurait imité la forme et la consistance vaporeuse ?

-Je crois qu'on est tiré d'affaire, chérie, soupira Benson en s'autorisant un sourire nerveux.

Il avait à peine eu le temps de prononcer ces mots qu'une masse informe de chair et d'os vint s'échouer lourdement sur le capot devant eux, disparaissant avec le moteur. Le jeep pila net et l'arrière du véhicule quitta le sol. Avec un grincement infernal de tôles froissées et de vitres éclatées, le Cherokee se renversa sur lui-même et malmena ses occupants. Dans la panique, l'idée d'attacher sa ceinture ne leur avait pas effleuré l'esprit et dans l'action, ils furent projetés contre le tableau de bord avant de retomber mollement sur le toit de l'habitacle, sous eux.

À l'extérieur, le vacarme continuait de plus belle, régnant désormais en seul maître puisque le moteur grondant s'était tu. La monstrueuse averse de cadavres se poursuivit avec une régularité horrifiante pendant que le nuage sombre continuait sur sa lancée, remontant vers le Nord.

L'esprit embrumé, Benson ouvrit difficilement les yeux. S'aidant de ses mains - putain, ce que ses bras pouvaient être douloureux - , il réussit à se réceptionner plus confortablement sur le plafond de la jeep, faisant passer ses jambes au-delà du volant. D'une voix pâteuse, il appela sa femme.

-Abi... gargouilla-t-il. Abi... faut qu'on sorte de là, merde...

Il essaya de se tourner, mais un éclair fulgurant lui vrilla le cerveau, le paralysant quelques secondes. Quoi que cela puisse être, il avait clairement quelque chose de cassé dans le dos, l'empêchant de se mouvoir avec facilité. De peine et de misère, ahanant et pleurant à chaudes larmes pour endiguer la souffrance qui brûlait son corps comme un feu ardent, il finit par être face avec Abigail. Il perdit aussitôt son souffle et un sanglot incontrôlable fit trembler son corps tout entier.

-Abi ! éructa-t-il d'une voix brisée par le chagrin. Non !

Sa pauvre épouse n'avait pas eu autant de chance que lui. À cause de la force de l'impact, le tableau de bord avait été déformé et défoncé sans aucune pitié la cage thoracique d'Abigail. Son regard sans vie le fixait maintenant sans le voir, tandis qu'une longue traînée sanguinolente décorait ce qui subsistait du pare-brise défoncé et le châssis de la jeep.

-Oh, putain, non ! hurla de nouveau l'homme, se laissant retomber mollement sur le toit, à bout de forces.

Un autre cadavre vint se planter sur l'une des roues du véhicule avec fracas et le fit tourner sur lui-même tel un manège lugubre et Benson se retint de justesse avec ses doigts tendus, écarquillant les yeux.

Incapable de contenir ses pleurs, le cœur brisé, il se libéra une main pour frapper de la paume contre sa portière qui s'entrouvrit un peu en grinçant. Serrant les dents, s'interdisant de ramener son attention sur sa femme décédée, il mit plus de puissance sur sa poussée et le mécanisme céda.

Dehors, il n'y avait plus de buissons. Plus de sable, ni de route. Plus de ciel bleu, ni de soleil. S'extirpant difficilement de sa voiture abattue, Benson pataugea dans le sang et les organes déchiquetés sous la force de l'impact. Prenant appui sur le flanc de sa jeep, il se redressa en hurlant de douleur, fermant les yeux en espérant qu'il ne retomberait pas. Oserait-il, du reste, contempler ce paysage de désolation qui s'étendait à perte de vue autour de lui, océan de restes humains pulvérisés ?

-Il faut... avertir... les autorités, fit-il pour lui-même.

Il songea à sa maison, dans la petite ville de Caliente. À peine à 30 minutes au Nord, dans la direction qu'avait prise la monstruosité volante qui planait au-dessus de sa tête. Si ce truc avait pu détruire Vegas en quelques minutes, que réserverait-il à la petite communauté ?

Serrant les poings, il s'écarta de l'épave et entreprit de continuer la route à pied. Il réussit à faire quelques pas avant qu'un claquement dans son genou ne le prenne par surprise. Avec un meuglement déchirant, il s'écroula sur la piste, devenue collante par les résidus organiques et les vêtements déchirés qui les recouvraient encore.

Il se tourna sur le dos, haletant, en sueur après seulement quelques mètres de parcourus. Son regard fut happé par le nimbostratus qui le surplombait. Il avançait tellement lentement qu'il semblait le narguer, le mettant au défi d'arriver avant lui dans la prochaine ville.

L'accident de voiture avait été plus sérieux qu'il le songeait. Benson se rendit compte qu'après avoir entendu le bruit dans sa jambe, il ne sentait plus rien à partir de la cuisse. Plus aucune sensation. Il se couvrit les yeux du bras et se laissa aller aux sanglots, sa poitrine se levant et s'abaissant au gré de son chagrin sans bornes.

Abi était morte à cause de sa curiosité. Il allait y rester également, couché dans un horrible cimetière à ciel ouvert. Autour de lui, quelques corps s'écroulaient encore, mais de moins en moins nombreux. De toute évidence, la chose qui avait emporté tous les habitants de Vegas avait pris ce qu'elle désirait, l'avait consommé, digéré et rejeté les carcasses inutiles. La faim avait repris de plus belle et elle ne souffrait d'aucune attente. La prochaine ville serait son festin. En un claquement de doigt, des centaines sinon des milliers de citoyens se verraient littéralement aspirer dans le ciel, se perdant dans les brumes opaques du nimbostratus pour y rencontrer leur funeste destin.

Benson laissa retomber son bras sur le sol à ses côtés, contemplant le ciel après le passage du monstre aérien. Le soleil dardait de nouveau ses rayons et le bleu limpide de l'azur le forçait à plisser les paupières. Il referma les yeux en grimaçant et inspira difficilement. Son corps s'engourdissait à vitesse grand v, mais il n'était pas effrayé. Un peu confus par la rapidité des événements, mais rassuré sur un seul point.

Il allait bientôt retrouver Abi.

Au Nord, le nimbostratus qui n'en était pas un continuait son imperturbable avancée. 

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