Raconte-moi ton Objet : Jour de Canicule! de Louise Tondreau-Levert (Fév.2024)

Jour de canicule !

En ce jour de canicule, je décide de fuir mon appartement trop chaud et trop humide pour aller me rafraîchir au cinéma. Je me glisse vers l'extérieur et soudain la sensation d'entrer dans un four chauffé à blanc m'envahit. L'impression de cuire comme un poulet dans une cocotte est tellement réelle que j'envisage de faire marche arrière.

Courage, car le théâtre n'est qu'à deux coins de rue de chez moi ! Je devrais y être avant de fondre comme glace au soleil. Malgré les quarante degrés annoncés, une bonne quantité de personnes circulent sur la chaussée et certains d'entre eux sont massés devant le kiosque d'un marchand ambulant.

En plus de vendre des glaces, ce peddler propose un produit, disons étonnant. Selon la publicité tapageuse propulsée dans l'air surchauffé, l'objet promet à son propriétaire un rafraîchissement instantané. Pour mieux voir, les flâneurs se ruent vers son stand !

L'homme, sorti directement du siècle dernier, s'affaire à convaincre une clientèle plutôt hésitante. La chaleur ne semble pas l'incommoder, car zéro goutte de sueur perle sur son front et aucun cerne apparaît sous les aisselles de sa chemise amidonnée. Malgré l'asphalte qui fond sous les pas des piétons, le marchand, lui, demeure frais comme une rose. Je suis abasourdie !

Curieuse, je me dirige vers son étal, à peine plus grand qu'une cabine téléphonique. Je m'approche et je l'entends vanter une protection transparente contre les rayons nocifs du soleil qui selon lui révolutionnera la vie des citadins pendant l'été. Lequel des badauds agglutinés autour du commerçant brisera la glace et se procurera en premier ce produit miracle ?

Pour bien ajuster l'enveloppe invisible, l'acheteur se regarde longuement dans une glace sur pied. Une fois que le corps de l'acquéreur est parfaitement moulé au vêtement, ne lui reste plus qu'à passer à la caisse.

Pour cet accoutrement improbable, une somme de cent dollars lui sera facturée. En prime, il recevra une glace parfumée à la cannelle, servie dans un verre givré et accompagné d'une cuillère glacée.

Une aubaine selon son inventeur !

Craignant l'escroquerie, la plupart des voyeurs tournent les talons et comme moi, ils se dirigent vers le cinéma où la fraîcheur de la climatisation nous attend.

D'autres mordent à l'hameçon et à l'exemple du conte « Les habits neufs de l'empereur » de l'auteur « Hans Christian Andersen », ils se croient protégés de la canicule de juillet, par ce costume soi-disant réfrigérant.

Le colporteur, lui, tolère cette chaleur torride grâce à la glace carbonique insérée dans le plancher de son étal. L'illusion est parfaite ! Mais comment réagiront ces personnes flouées lorsqu'ils découvriront la supercherie ? Resteront-ils de glace ou sauteront-ils sur la glace pour exiger un remboursement au fraudeur ?

Louise Tondreau-Levert

Autrice et animatrice de livres pour la jeunesse